Brazil de Terry Gilliam

Je dois avouer quelque chose…
Je ne connais pas les Monty Pythons.

Enfin ils ne me sont pas totalement inconnus non plus: j’en ai déjà entendu parler et leurs films Life of Brian et Holy Grail sont tellement cultes que je n’ai pu passer à côté de leur gigantesque réputation.

Mais le fait est que les Monty Pythons c’est une grosse lacune de ma culture. Alors quand je me suis lancé dans Brazil (le premier film que je voyais réalisé par Terry Gilliam), j’avais une très vague idée à quoi je devais m’attendre.

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(Puis bon: en voyant ça je n’étais pas déçu)

C’est difficile de parler de ce film parce que sur beaucoup de points il est à la fois compliqué et simple.

La dystopie créée ici est plutôt simple: c’est une reprise de 1984 de George Orwell. Dans Brazil un régime totalitaire contrôle ce que doivent penser les gens à travers les médias. La principale différence avec 1984 c’est qu’au lieu de critiquer les figures politiques des régimes totalitaires, le film critique la bureaucratie. Après il y’a de nombreuses autres différences: 1984 décrit un régime communiste, tandis que Brazil décrit un régime très stigmatisé entre les riches et les pauvres. 1984 critique la surutilisation de la surveillance, à la place Brazil critique la violence dont peut faire preuve un régime aussi policier (et ce dès le début du film).

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(Scène cauchemardesque; de l’arrestation de « Buttle » qui trouve
beaucoup d’échos avec ce qu’il se passe encore aujourd’hui)

Rien qu’avec ce postulat Brazil est un film compliqué parce qu’il aborde beaucoup de critiques sociétales, mais en même temps ça reste une histoire qu’on a déjà beaucoup vu: celle d’un système politique complétement foireux face auquel le personnage principal va s’opposer.
En rajoutant à cela: le côté un poil psychédélique de ce que nous montre Gilliam, une couche d’onirisme qui viendra parsemer tout le film, il y’a de quoi perdre le spectateur.

Bref: je n’ai toujours pas parlé de la vraie trame narrative du film où l’on suit Samuel (Joli prénom) Lowry, qui travaille dans le Ministère de l’Information du gouvernement totalitaire. Il est totalement aliéné par son travail de bureaucrate et rêve d’une fille avec qui il s’évade dans un autre monde.

Le film commence donc sur une faute de frappe dans une machine à écrire, qui mènera un homme (« Buttle », un prolétaire lambda) être enlevé de chez lui, et exécuté par mégarde à la place d’un terroriste dangereux (« Tuttle » chauffagiste à temps partiel, mais avant tout terroriste).
C’est là qu’intervient Sam Lowry, qui essaiera de réparer les dégâts de cette erreur administrative meurtrière, et qui se rendra compte que la fille qu’il voit dans ses rêves existe bel et bien et qu’elle serait peut être liée à toute cette histoire de terrorisme qui parasite le pays depuis un petit moment.

Et puis à cette histoire va se rattacher beaucoup de sous intrigues, un poil inutiles, mais qui sont là pour étayer le propos du film et pour rajouter du comique. Comme les scènes entre Sam et sa mère, mais aussi celles avec les chauffagistes ahurissants dans leur bétise.

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(Le plus gros taquet mît à la bourgeoisie de tout le film.
Gilliam ne se privera pas d’attaquer les bourgeois à travers la mère de Sam.)

Parce que forcément: Terry Gilliam qui sort d’une des troupes de comiques les plus célèbres et célébrées de son temps va mettre de l’humour dans son film. Il y’en a de toute sorte: du comique de situation, en passant par les dialogues, à des choses beaucoup plus simples comme du comique au niveau du corps et du mouvement.

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(Un des moments les plus fendards du film, c’est bien celui là.
En plus d’être drôle c’est quelque chose de bien cynique.)

Dernier point que j’aimerai aborder et qui me tient tout particulièrement à coeur: Jonathan Pryce.
Ce n’est pas un acteur que je connais énormément, je l’ai vu dans Game of Thrones. Et après avoir fait un tour sur sa page IMDb je me rends compte qu’il jouait dans Demain ne meurt jamais, un des James Bond que j’ai le plus vu parce que c’était le seul que j’avais en DVD.

Bref, tout ça pour dire que Jonathan Pryce, même si je ne l’ai pratiquement jamais vu autre part, dans ce film il brille de mille feux. Il a une bonhommie qui colle parfaitement au rôle. On s’identifie très vite à lui, et on a envie de voir son personnage évoluer et ce même si le film nous perd à cause de sa complexité.

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(Mattez-moi cette bouille: vous avez pas envie de lui faire
confiance vous ?)

Brazil c’est donc une dystopie qui critique la bourgeoisie par moment, mais qui est surtout tourné contre la bureaucratie, et la violence de l’état.
C’est aussi une comédie, avec certains moments tragiques, qui est servie par une mise en scène et des acteurs grandioses.
C’est une œuvre profonde à laquelle je ne pourrais jamais assez rendre honneur dans un texte écrit aussi précipitamment.
Ça vaut vraiment le coup de s’intéresser à Brazil parce que c’est dense, intelligent, drôle: un très très très bon film en somme.

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